"Alors, t'as passé un bon week end ?"
Si tu savais mon gros.
Il s'en allait avant même que je puisse repondre; c'etail plus une formule de politesse qu'autre chose.
J'ai pour habitude de me poser près de la table, à côté de la porte d'entrée. D'ici je peux garder un oeil sur tout mes collègues, bien que je n'ai pas à me mefier de grand monde (du moins je le pensais).
J'ai beau essayer d'accrocher le regard de Mary, elle me fuit constamment, trouvant toujours quelqu'un d'autre avec qui parler ou avec qui croiser un regard, un peu comme si je n'existais pas.
Ne supportant plus cette situation, et malgré le fait que je jurais ne jamais craquer, je decide alors d'aller la voir, au moins pour croiser ses yeux et entendre sa voix qui me manquaient cruellement. A peine levé, une coupure d'éléctricité survint.
"Et merde ! Bon Carl et Marc, vous allez verifier le systeme éléctrique ! Julien, Mary et Brian allez vous occuper des gens qui vont pas tarder à arriver !" nous hurlait le chef d'equipe.
"Et on leur dit quoi ?" repondais Mary. J'ai enfin entendu clairement sa voix ...elle arrive à me rassurer tout en me nouant l'estomac. Je sais qu'elle est là mais qu'elle ne veut pas de moi.
"Un topo à la con, vous les occupez le temps qu'on répare ce bordel ou vous les redirigez autre part. Vous êtes aussi payés pour les divertir. Allez hop ! Les autres suivez moi on inspecte le ride et la stretch"
Me tenant près de la porte, je l'ouvre pour laisser passer mes collègues. D'abord Julien, puis Mary...
"Merci"
Comment ça merci ?! Elle me dis merci comme si je ne faisais que de lui tenir la porte ! Comme si j'étais n'importe qui ! Comme si il n'y avait rien eu !
Je ne peux meme pas la rattraper, les autres collègues prennent la même issue et je dois leur tenir cette foutue porte. Me voila tout derrière alors que j'aurai pu la suivre et lui parler clairement sans qu'on nous écoute.
J'accoure vers la file d'attente, ou quelques personnes ecoutent deja le speech des 2 casts arrivés à temps. Et me voila deja interpellé par une petite gamine accompagnée de ses parents qui me demande, candidement, pourquoi elle ne peut pas faire l'attraction.
Ce qui était pour moi le meilleur moment du boulot (jouer la comedie devant des gosses sans a priori) était encore plombé par le fait que j'apercevais la femme de ma vie (et accessoirement l'être que je meprise le plus) sans qu'elle me voit, essayant de jouer le mieux possible pour qu'elle même estime mon travail ou même ma presence. Je suis tombé bien bas...
Un collègue au teint blafard surgit derrière moi, pour affoler cette petite fille qui rigolait plus qu'elle n'avait peur. Il me susurre qu'on a besoin de moi pour couvrir une section du ride. Saluant cette petite fille qui fut mon unique rayon de soleil en ce debut de journée, je me dirigeais vers le manoir.
C'etait la dernière fois que je voyais la lumière du jour.
9 : 9 : 8 : 7