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 "Bloody Rose"

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MessageSujet: Re: "Bloody Rose"   "Bloody Rose" - Page 2 EmptyVen 16 Sep 2005 - 22:59

Chapitre V


Des pluies torrentielles s’étaient abattues en l’espace de quelques minutes sur Thunder Mesa, obligeant l’équipe de tournage à remettre à plus tard la scène prévue. Cela avait été étonnant. Chacun s’était laissé surprendre par ce brusque et violent changement de temps. On eut dit que l’on était un autre jour. La terrasse ensoleillée du Fuente del Oro était à présent inondée. Des trombes d’eau l’avaient envahis et le clapotement de gouttes particulièrement grosses, poussées par un vent violent, formait un inquiétant paysage musical. Le ciel s’était assombri très vite alors que Clark jouait, vêtu d’un costume de cow boy, la scène en question, avec pour toile de fond vivante la majestueuse montagne ocre. Il donnait la réplique au personnage de Henry Ravenswood. Tous deux étaient censés se rendre dans la mine sous l’œil déjà inquiétant et lourd de menace de celui que le script nommait sobrement « le fantôme », interprété par Tyrone. Ce dernier avait là un rôle muet, il devait seulement être filmé de dos, enveloppé dans une magnifique cape de couleur parme, telle que l’on en voyait à la fin du XIXème siècle chez les élégants. Drapé dans ce qu’il convenait de décrire comme porté à ravir, il était une ombre, une épée de Damoclès suspendue au-dessus de la vie des deux personnages qui ne se rendaient pas compte de sa présence. Près de Henry King, Rita, Henry Fonda et Ava étaient spectateurs. Ils n’apparaissaient pas dans cette scène mais tenaient à assister au tournage. A la fois pour soutenir leurs amis, mais aussi pour mieux comprendre les motivations des personnages auxquels ils devraient, dans un autre moment, faire face. Ce fut Ava qui la première remarqua que quelque chose n’allait pas. La montagne, inondée de soleil, avait perdu de ses couleurs. Le réalisateur, bien trop pris par la scène, suspendu aux lèvres de ses vedettes, satisfaits de leur travail, ne s’en était pas encore aperçu. Du moins, cela n’était pas conscient. Il trouvait tout à coup que cela faisait très joli que de voir le ciel s’assombrir de la sorte. On eut dit que cela était exprès, car les nuages s’amoncelaient alors que le fantôme approchait de la mine. Au moment même où Ava faisait remarquer « Vous ne trouvez pas qu’il fait sombre, tout à coup ? », le directeur de la photographie alertait le cinéaste. La pluie avait alors commencé à tomber, et en quelques minutes toute l’équipe, paniquée, du se mettre à l’abri, partant en courant, protégeant le matériel, caméras et projecteurs. On était aussi près du Cowboy Cookout Barbecue que du Silverspur Steakhouse, de sorte que chacun alla vers l’endroit où il logeait. Ils y parvinrent de justesse, au moment où une véritable tempête faisait rage.

Allongé sur son lit, les bras croisés derrière la tête, Tyrone levait sur le plafond de sa chambre d’hôtel des yeux perdus dans le vague. Rosetta arriverait demain. Elle lui avait expliqué que cela était du à une panne, mais à y bien réfléchir cela le surprenait. Il avait TOUJOURS été question que Rosetta n’arrive que le surlendemain ! Un autre fait étrange lui revenait en mémoire. Il se souvenait maintenant que Bill, le fameux employé mystère qui soit disant n’existait pas aux dires du barman, lui avait dit que sa femme attendait au bout du fil. Pourtant, Tyrone était persuadé de s’être demandé, en arrivant au Silverspur Steakhouse, qui l’appelait. Il avait eu le sentiment de se douter qu’il s’agissait de Rosetta, mais non la certitude. « Je suis fatigué, ce doit être à cause du tournage », se dit-il. Étrangement, il n’aimait pas la cape parme que le chef costumier avait dessinée pour son rôle. Il était bien content de ne pas la porter avant le lendemain. Pour l’heure, il était en costume de ville ; en chemise, mais avec la cravate. Les autres acteurs étaient allés souper ensemble dans la très belle salle de restaurant de l’hôtel, mais il avait fait dire par Henry Fonda qu’il ne se joindrait pas à eux. Peu importe ce que penserait Rita, il désirait être seul et pensif, seulement distrait par le bruit incessant de la pluie et du vent. Il appelait son ami « Henry III » depuis le début du tournage. Il y avait « Henry I », alias Mr Ravenswood, le personnage du film. « Henry II », le réalisateur Henry King. Et enfin son ami et ancien amant de Rita. Tyrone avait tout de même faim. Il fit appel au room service pour qu’on lui monte un steak. Lorsqu’il attendait frapper à la porte, il crut que c’était cela, mais on venait lui dire qu’il était attendu au téléphone. Prenant son veston sur le bras, il descendit aussitôt. Cette fois, le combiné était bien décroché et son interlocuteur attendait patiemment à l’autre bout du fil.

C’était Rosetta. Elle appelait d’une cabine téléphonique de style victorien, dans la seconde galerie latérale de Main Street, appelée Liberty Arcade en hommage à Lady Liberty, la dame au flambeau annonçant l‘arrivée sur le nouveau continent depuis 1886. Elle s’y était promenée avec Helen et les enfants en sortant de la confiserie. Tyrone IV montrait les différentes représentations, gravures, peintures et photographies de la Statue de la Liberté en poussant de petits cris admiratifs, si bien que Rosetta avait eu une idée : elle s’était soudain mise toute droite, un genou fléchi et le pieds en arrière, une main tendue vers le ciel tenant le biberon du petit Dallas tel un flambeau. Tyrone IV avait éclaté de rire. La jeune femme était à présent seule. Elle avait une mauvaise nouvelle. Le garagiste des Main Street Motors avait dit à Norbert que l’automobile ne serait pas prête avant le lendemain. Il avait donc fallu trouver un endroit où passer la nuit. Il fallait trois chambres : une pour Norbert, une autre pour Helen, et une pour les deux petits et elle. Elle n’en trouva que deux et partageait donc avec Helen. Les hôtels étaient tous complets en raison de la fête locale que célébrait la petite ville. Ils avaient eu de la chance de trouver une pension de famille, derrière Liberty Arcade, affichant encore « Rooms to let ». Les deux dernières. Au Silverspur Steakhouse, Tyrone regardait distraitement, d’un air absent, la fenêtre voisine du box téléphonique tandis que son épouse lui parlait. Il entendait au loin dans le combiné une mélodie étouffée mais dont il reconnu quelques notes de l’ « American Salute » de Morton Gould. Rosetta avait dit que la petite ville où elle se trouvait était en fête. Portée par un vent au souffle toujours plus fort, la pluie venait violemment heurter les carreaux. Il faisait très sombre et l’on ne distinguait rien au dehors. Plissant les yeux et fronçant soudain les sourcils comme lorsqu’il avait trouvé le panneau « out of order », Tyrone crut voir tout à coup une forme blanche passer au dehors. Qui était donc assez fou pour sortir par un temps pareil ? Il avait sans doute eu une hallucination, cela n’était pas possible. Après avoir conclu sur quelques mots tendres et un baiser, il raccrocha. L’acteur se dirigea vers l’escalier menant à sa chambre, espérant que son steak l’attendrait et qu’il soit encore chaud. Il aperçut ses amis dans la salle de restaurant, sous des volutes de fumée et poursuivit son chemin. Soudain, il s’arrêta après la quatrième marche, la main figée sur la rampe ouvragée du très bel escalier ancien. Rosetta… Elle lui annonçait que la voiture ne serait réparée que le lendemain… Mais… C’était bien ce qu’elle lui avait dit lors de son premier appel ? Il n’y comprenait plus rien ! Surlendemain, lendemain, il était perdu. « Y a –t-il maintenant un décalage horaire en Californie ? » Il reprit son ascension et se jeta à nouveau sur le lit, laissant au passage le veston sur un fauteuil. Il l’avait gardé sur le bras de tout ce temps. Il recommença à fixer le plafond alors que les carreaux de la fenêtre, donnant côté lac, non loin de la butte du manoir, continuaient encore et toujours de se couvrir de pluie…
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Pumpkin Man
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MessageSujet: Re: "Bloody Rose"   "Bloody Rose" - Page 2 EmptySam 17 Sep 2005 - 18:38

toujous aussi captivant bonne continuation........ Wink
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MessageSujet: Re: "Bloody Rose"   "Bloody Rose" - Page 2 EmptySam 17 Sep 2005 - 20:26

Merci à toi ! Je vais d'ailleurs écrire la suite. Wink
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MessageSujet: Re: "Bloody Rose"   "Bloody Rose" - Page 2 EmptyDim 18 Sep 2005 - 1:16

Et d'ailleurs... Voici la suite ! Mr. Green


Chapitre VI


Un beau soleil filtrait à travers les persiennes, éveillant doucement Rosetta. Elle se retourna plusieurs fois entre les draps, s’étirant et gémissant, avant de se lever enfin. Elle s’étonna d’ailleurs de pouvoir autant remuer, mais elle comprit en voyant que Helen, Thomas et Tyrone IV avaient quitté la chambre. Elle était seule, en compagnie de Dallas qui dormait dans son petit lit de bébé. La nuit n’avait pas été de tout repos mais la fatigue avait été la plus forte et les deux jeunes femmes avaient fini par s’endormir en dépit de la promiscuité, mais surtout des fanfares qui avaient joué jusqu’à une heure tardive. Les chambres donnaient sur la City Hall Square et la musique était jouée juste sous les fenêtres. La dame qui dirigeait la pension avait demandé à Rosetta pourquoi n’allait-elle assister aux festivités, mais la jeune femme ne le voulait pas. Elle désirait se reposer, rester en compagnie de ses enfants et ne pas croiser les objectifs des photographes. La dame avait alors été compréhensive en lui promettant sa discrétion : elle avait bien compris en entendant cette dame qui signait le registre « Mrs R. Power » appeler son fils Tyrone ! Rosetta s’était donc immédiatement retirée dans la chambre qu’elle devait partager avec Helen et les enfants. Une fois Dallas installé dans son petit lit, il avait fallu faire du mieux que l’on pouvait pour occuper les lits jumeaux. L’un avait été donné à Thomas et Tyrone IV tandis que les deux jeunes femmes se serraient sur l’autre. Elles étendirent les manteaux des deux côtés du lit des enfants afin que soit amortie une chute éventuelle. Par bonheur, l‘un comme l’autre n’était pas très haut, mais il fallait prendre toutes les précautions.

Il avait été, dans un premier temps, impossible de dormir. Les fanfares ! Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, fatiguées, Rosetta et Helen finirent par se lever et ouvrirent les fenêtres pour regarder le feu d’artifice que l’on tira aux douze coups de minuit. Si les photographes avaient pensé à lever les yeux sur la pension de famille, d’où le panneau « Rooms to let » avait été retiré, ils eussent vu Mrs Tyrone Power en déshabillé, plusieurs châles enroulés sur sa chemise de nuit en raison du froid de Janvier, les cheveux nattés. Une fois le feu d’artifice terminé, la jeune femme crut qu’un repos bien mérité les attendait. Dallas dormait déjà comme un bienheureux, ainsi que ses grands frères que les pétarades n’avaient même pas dérangés. Mais cela n’était pas fini ! Virent un bal populaire accompagné de chansons habituellement interprétées par les Andrews Sisters. Lors d’une soirée de gala, Tyrone avait repris l’une d’entre elles, « Chattanooga choo choo » et l’acteur avait eu beaucoup de succès parmi l’audience. En attendant, sur la City Hall Square, « Sabre dance » adaptée de l’opus éponyme de Khatchaturian, Rosetta sourit malgré son ennui à ne pouvoir dormir tranquille. Avec Tchaikovski, c’était là le compositeur préféré de son mari. Vint ensuite « Rhum and Coca-Cola », puis d’autres encore, ainsi que des chansons que l’on connaissait sous la voix du crooner Bing Crosby. Enfin, elles s’étaient endormies. Rosetta se réveilla à deux reprises lorsque Dallas se mit à pleurer. Elle arpenta la chambre en le berçant, tandis que les lumières s’étaient éteintes partout sur la place. Helen lui avait dit à voix basse de la laisser faire, c’était son rôle de nounou, mais Rosetta lui répondit qu’elle pouvait se rendormir, qu’elle s’en occupait. Les volets avaient été refermés, mais point les tentures, de sorte que le soleil put aisément filtrer à travers les persiennes au petit matin… trouvant Rosetta enfin assoupie.

Alors que Rosetta changeait les langes de Dallas sur un coin du lit, le petit garçon gigotant et babillant joyeusement, Helen revint avec les deux aînés. Elle les avait conduits aux toilettes, au bout du couloir. Après une toilette un peu sommaire, tous descendirent enfin dans la petite salle où le petit déjeuner était servi. Hélas pour Rosetta, il n’y avait plus de thé du tout. N’osant rien dire, la jeune femme commença à boire du café mais ses petites grimaces, qu’elle ne pouvait empêcher, n’échappa point à l’œil attentif de la maîtresse de maison. Elle vint s’excuser une fois encore pour le thé qui n’avait pas été livré et lui proposa d’aller à ses frais déjeuner au Cable Car Bake Shop, un petit peu plus haut sur Discovery Arcade. Rosetta la remercia mais dit cependant qu’elle paierait ce qu’elle prendrait, ainsi que ce qu’elle ne prendrait pas à la pension, comme ce café dans lequel elle avait trempé les lèvres. Elle se rendit alors à l’endroit indiqué, accompagnée de Helen et de trois garçons. Norbert, lui, avait parfaitement déjeuné. Il les accompagna sur quelques mètres et s’arrêta dans le confortable fauteuil du barbier, à l’enseigne Dapper Dan’s Hair Cuts.
- J’ai laissé mon chocolat ! cria soudain Thomas.
Il avait, en effet, l’habitude de déjeuner avec un bol de cacao.
- Nous allons en trouver ici !
Disant cela, sa maman poussait la porte du Cable Car Bake Shop. Un établissement accueillant et chaleureux, qui portait ce nom en hommage au tramway de San Francisco dont il avait aux murs de nombreuses gravures. Une dizaine de minutes plus tard, Petit Tom buvait joyeusement son bol de chocolat. Rosetta avait du thé. Ils étaient seuls dans l’élégante salle où certaines tables étaient séparées par de jolies cloisons de bois. La plupart des habitants de la petite ville était encore endormie, au lendemain des festivités. Rosetta espérait que le garagiste soit levé et que la voiture soit prête. En attendant, le ton était joyeux tout en déjeunant. Rosetta disait à ses enfants que très bientôt ils retrouveraient Papa.

Norbert les attendait déjà aux Main Street Motors, fraîchement rasé – il avait trouvé trop petit le miroir dans la chambre pour se raser lui-même – l’automobile avancée jusqu’à la petite place. Parfaitement réparée. Bientôt, ils laissèrent derrière eux cette ville charmante où ils avaient du faire un arrêt de vingt-quatre heures. La suite et la fin du voyage se déroulèrent sans incident. A leur arrivée à Thunder Mesa, ils furent immédiatement conduits à l’hôtel. On dit à Rosetta que son mari tournait en ce moment même. Désirant se rafraîchir avant de le voir, elle demanda simplement qu’on le prévienne de son arrivée. Ce fut fait sans tarder. C’était toujours la scène dans la mine, que la pluie avait gâchée la veille. Le sol était détrempé, l’air affreusement humide, ce dont se plaignait les deux actrices vedettes, ainsi que l’interprète de Martha Ravenswood, mais le soleil brillait à nouveau, de sorte que l’ocre de la montagne ressortait parfaitement bien et se détachait du ciel comme le désirait Henry King et le directeur de la photographie. Entendant le premier que l’épouse de Tyrone était arrivée, le réalisateur s’écria « Coupé ! » et apprit lui-même la nouvelle à son acteur vedette, lui permettant d’arrêter pour le moment. Il y avait d’autres choses à tourner. Rita regarda son amant se précipiter vers l’hôtel. Elle était surprise, n’attendant la légitime épouse sa rivale que le lendemain. Tyrone s’était montré nerveux toute la matinée, tout en gardant un grand professionnalisme dans son jeu, et il lui avait dit que Rosetta avait été retardée. « Pourtant, j’aurais juré qu’elle ne devait arriver que demain, et maintenant arriver dès aujourd’hui est du à un retard ! Je n’y comprends rien. … Mais je m’en moque ! » conclue Rita. Mrs Rosetta Power était arrivée, il faudrait s’y faire…
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MessageSujet: Re: "Bloody Rose"   "Bloody Rose" - Page 2 EmptyDim 18 Sep 2005 - 12:06

génial lool ! visiblement, tu aimes bcp écrire la nuit !
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MessageSujet: Re: "Bloody Rose"   "Bloody Rose" - Page 2 EmptyDim 18 Sep 2005 - 14:00

La nuit ou le matin, xpldrrrrr ! Mr. Green
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MessageSujet: Re: "Bloody Rose"   "Bloody Rose" - Page 2 EmptyMar 20 Sep 2005 - 23:25

Chapitre VII


Pour l’heure l’homme le plus heureux au monde, Tyrone se précipita vers l’hôtel où son épouse et ses enfants l’attendaient. Les battements de son cœur s’étaient accélérés comme s’il ne les avait vus depuis des mois, des années. Comme s’il était un jeune amoureux inexpérimenté. En cet instant, alors qu’on eut dit qu’il volait vers sa famille, sa chair et son sang, sa bien-aimée Rosetta… en cet instant Rita n’existait plus. Il ne savait plus qu’il avait une maîtresse. Elle n’était plus qu’un nom sur une affiche, celle de « Gilda », peut-être, ou bien sa partenaire de « Blood & sand », une étoile sur Hollywood Boulevard. Pourtant, leur liaison était ancienne et les étonnait tous deux par sa durée. Elle avait commencé avant que Tyrone ne rencontre Rosetta pour la première fois, en 1946. Cinq années, peut-être ? Voilà qui était bien inhabituel chez « The King of 20th Century Fox » et « The Goddess of Hollywood ». Pourtant, il suffisait d’évoquer Rosetta, la douce épouse conciliante qui acceptait tout cela en silence, pour que l’acteur ôte de sa mémoire tout ce qui l’entourait… y compris Rita. Et cette amnésie durait parfois de tout le temps où il serait seul en compagnie de sa famille.

Trois chambres à l’usage des Powers avaient été réservées à l’hôtel. La première était pour Norbert, la seconde pour Helen et les deux aînés ; la dernière, la sienne, qu’il partageait avec sa femme et leur bébé. Ne trouvant personne dans les deux premières, l’acteur se dirigea directement vers la sienne. Rosetta s’y trouvais, occupée à défaire sa valise, adorable toute de bleu vêtue, la couleur préférée de Tyrone. Cependant, lorsqu’il l’emmenait au restaurant ou au cinéma, où il exigeait toujours qu’elle porte du noir. Il avança sans bruit. Elle lui tournait le dos. Son manteau était soigneusement rangé dans l’armoire dont la porte entr’ouverte permettait qu’on le voit, ainsi que son chapeau posé sur une étagère. Elle sortait de la valise ses combinaisons de nylon et ses bas dans l’idée de les déplier un peu. Ses robes et jupes étaient déjà sorties et reposaient pour le moment sur le lit. Alors, tout doucement, l’acteur posa sa main sur l’épaule de sa femme.
- Rosetta…
La jeune femme se retourna aussitôt un poussa un léger cri de surprise. Elle croyait être seule, et qui viendrait la toucher sur l’épaule ? Elle ne reconnut pas la voix de son mari. Ce n’était d’ailleurs pas lui… Elle avait face à elle un homme vêtu comme au siècle dernier, coiffé d’un haut de forme, enveloppé dans une cape, les mains gantées de parme… et son visage… était celui d’un squelette… Livide en l’espace de quelques secondes, la jeune femme, décomposée, entrouvrit une bouche tremblante, des yeux écarquillés agrandis par la peur... Elle perdit connaissance sans un cri, s’affaissant sur le sol comme une poupée de chiffon…

- Seigneur !!
La voix de Tyrone, pourtant, mais étouffée par le masque… Dans sa hâte à retrouver les siens, l’acteur en avait oublié qu’il portait encore son costume de fantôme. Redingote de la fin du XIXème, chapeau haut de forme. La fameuse cape de couleur parme, les gants assortis. Un masque terrifiant au visage figurant une tête de mort. Il avait marché si vite qu’il n’avait pas remarqué l’amusement des quelques personnes, techniciens pour la plupart, qu’il croisa sur le court chemin qui le mena du décor naturel de la montagne au Silverspur Steakhouse. Non que son costume étonne, chacun savait quel était son rôle, mais parce qu’il courait presque en le portant, ce qui donnait un effet involontairement comique à sa démarche. Il avait eu de la chance de ne point tomber alors qu’il portait ce masque entravant pourtant un peu sa vue, mais il était parvenu sans encombre à gravir quatre à quatre les marches qui le conduisirent au premier étage de l’hôtel, jusqu’aux chambres. D’abord stupéfait devant la réaction de sa femme, il se rendait compte à présent qu’il portant ce satané costume. Il ne pouvait qu’imaginer sa frayeur ! D’ordinaire particulièrement émotive, douée d’une aptitude remarquable à s’évanouir à tout propos, Rosetta avait du avoir la peur de sa vie. Enjambant son corps inanimé gisant sur le sol, il alla se pencher devant le miroir de la table de toilette et se rendit à l’évidence que oui, dans ce costume et avec ce masque il était effrayant. Il ôta aussitôt le masque, ainsi que le haut de forme, les gants et la cape. Puis il revint ensuite à sa femme, la souleva dans ses bras et l’allongea sur le lit après avoir poussé les combinaisons. Il lui donna une légère gifle qui produisit aussitôt ses effets : la jeune femme ouvrit doucement les yeux.
- Rosie Chérie… On dirait que tu as vu un fantôme… plaisanta-t-il.
- Tyrone… C’est bien toi…

Voyant son mari éclater de rire, la jeune femme crut qu’il lui avait fait une farce. Il le comprit à son sourire, lisant en elle comme dans un livre ouvert, et ne chercha pas à la détromper en lui disant qu’en vérité il avait oublié d’ôter son costume, même si c’était pour la rejoindre plus vite.
- Je suis heureux que tu sois là, dit-il enfin en l’embrassant.
Rosetta offrit ses lèvres au langoureux baiser de son mari. Il était encore amusant de le voir ainsi à la fois dans sa redingote de fantôme mais son visage et sa coiffure habituelle, serrant sa femme dans ses bras. Il n’avait pas eu besoin de laisser pousser de favoris ni d’avoir des crans aux cheveux comme pour « Suez », lorsqu’il avait incarné Ferdinand de Lesseps, car son personnage de fantôme apparaîtrait toujours masqué à l’écran. Cela le satisfaisait pleinement, lui qui se précipitait chez le coiffeur, au salon Drucker’s, le même que Clark, au moindre centimètre de cheveu en trop, alors que parfois certains films lui avaient imposés des boucles qu’il obtenait naturellement s’il ne faisait pas entretenir ses cheveux très courts. Il ne supportait pas pour un homme les fantaisies capillaires.
- Où sont les enfants et Helen ? demanda-t-il après le baiser.
- Helen a emmené les enfants dans la salle de restaurant pour qu’on leur serve une collation et que l’on prépare le biberon de Dallas. Norbert est avec l’auto.
Des bruits de pas se firent entendre dans les escaliers.
- Ce sont eux ! s’écria Rosetta.
Mais ce n’était pas Helen et les enfants… C’était Rita…
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MessageSujet: Re: "Bloody Rose"   "Bloody Rose" - Page 2 EmptyVen 23 Sep 2005 - 20:50

Chapitre VIII


Le sourire de Rosetta se voila légèrement. Telle était toujours sa première réaction en voyant Rita, la maîtresse, lorsque cela faisait un petit moment que les deux jeunes femmes ne s’étaient pas croisées. Il arrivait parfois que Tyrone l’invite à la maison, ainsi que ses amis Clark, Glenn Ford, Gary Grant. Parfois Henry, Ava et d’autres. Rita passait alors une bonne partie de la soirée à épier Rosetta et à lui adresser sourires narquois et paroles doucereuses, mais la jeune femme s’y était habituée. Une seule fois, elle avait demandée à Tyrone pourquoi l’invitait-il « elle » de temps en temps le vendredi soir. Il lui avait répondue « Ce sont mes amis, elle en fait partie » et Rosetta n’avait plus demandé. De son côté, Rita avait du promettre à son amant de bien se conduire en présence de sa femme, d’être très aimable avec elle et de lui épargner les piques qu’elle aimait tant à lancer autour d’elle. De ne plus l’appeler « la marchande de fleurs » comme l’avait fait la presse au moment de la nouvelle des fiançailles, puisque Rosetta avait rencontré Tyrone en livrant des roses dans sa loge, de ne plus s’amuser à faire rougir la timide Mrs Power. Rita avait promis, mais elle avait bien trop de malice pour ne pas se permettre parfois quelque allusion. Tyrone lui adressait alors un regard d’avertissement, sourcils froncés, et tout se passait bien.

Rita venait donc de surgir dans la chambre occupée par les époux Powers au Silverspur Steakhouse. Elle avait fait de ne pas voir Tyrone quitter précipitamment les lieux du tournage pour rejoindre sa famille et s’était concentrée sur le jeu de Clark dans la mine. Henry King avait décidé de tourner les passages où l’on n’avait pas besoin de la présence du fantôme, soit quelques pages de script plus loin. Puis elle avait fini par s’agacer et était partie à son tour. Elle voulait voir Ty, sous un prétexte quelconque, même si elle savait que cela lui ferait mal de le trouver avec sa famille. Se découvrant en présence l’une de l’autre, les deux jeunes femmes se dévisageaient donc en silence. Très vite, Rosetta baissa les yeux, ne pouvant soutenir le regard de Rita. Ce fut d’ailleurs elle qui salua en premier, après un « Rita… » prononcé par un Tyrone visiblement contrarié par l’intrusion de sa maîtresse dans un moment où il retrouvait sa femme, et bientôt ses enfants.
- Bonjour, Rita…
Souriante, Rosetta s’était levée et était allée à la rencontre de l’actrice.
- Bonjour, Rosetta. Vous voici enfin arrivée, Tyrone ne cessait de parler de vous et de regarder si vous arriviez !
Rita souriait aussi, mais d’une façon ironique. Tyrone intervint. Il eut l’envie irrésistible d’agacer sa maîtresse.
- Mais c’est bien normal, Rita ! J’aime tant Rosetta que d’en être séparé même peu de temps est douloureux ! Et les enfants ! Si je ne peux pas les voir tous les jours, c’est comme si… Ooh, Helen !
Rita se retourna. Elle vit « la nounou » comme elle l’appelait qui s’apprêtait à regagner sa chambre avec les enfants. Elle n’eut pas le temps d’être furieuse contre Tyrone. Il venait de passer devant elle comme une fusée pour courir vers ses enfants. Rita vit alors le spectacle d’un Tyrone qu’elle trouvait « gâteux », accroupis devant ses fils, les prenant dans ses bras en riant, tandis que les petits poussaient des cris de joie qu’elle trouvait excessivement bruyants.
- Les enfants !
- P’paaa !!!!!!!!!
Rosetta les rejoignit, tenant le bébé dans ses bras. Maintenant, Tyrone s’adressait à Helen avec autant d’affection que s’il s’était agit d’une cousine de sa femme. Ils parlèrent quelques minutes puis, alors que l’acteur reportait son entière attention sur ses enfants, Helen et Rita échangeaient en silence des regards hostiles. La jeune fille ne comprenait pas comment Mrs Power pouvait tolérer parfois cette femme chez elle. Elle détestait Rita et tenait à le lui faire savoir sans pour autant déplaire à son patron. Elle aimait sa place chez les Powers, Rosetta était son amie, les enfants adorables et Mr Power très gentil. Elle ne lui voyait d’ailleurs qu’un seul défaut : Rita, son infidélité maladive. Mais Rosetta le tolérait, alors elle ne disait rien.
- Rosie Chérie, s’écria soudain Tyrone, si tu es prête nous pourrions aller nous promener avec les petits !
Rita détestait quand il appelait sa femme ainsi.
- Je suis sûr qu’ils aimeront voir Thunder Mesa, n’est-ce pas mes chenapans ? ajouta-t-il en riant, ébouriffant au passage les cheveux de Tyrone IV.
Rosetta approuva. Elle-même voulait découvrir un peu les environs. Elle suivit Helen dans l’autre chambre pour mettre les manteaux aux enfants. Elles entendirent la voix de Tyrone.
- Au fait, Rita, que voulais-tu ?
L’actrice n’eut pas à chercher bien loin. Il y avait un motif tout trouvé.
- Toute l’équipe va se réunir au Lucky Nuggett Saloon, ce soir, tu te souviens ? Tu ne savais pas si tu viendrais, alors je voulais savoir, et… inviter bien sûr ta femme…
Ces dernières paroles lui coûtèrent. Tyrone se mit à rire. Il se surprenait à vouloir être odieux avec elle.
- Mais je t’ai dit que je n’irais pas parce que Rosetta et les enfants allaient arriver ! Ça n’a pas changé, Rita ! C’est avec eux que je veux passer la soirée, et les suivantes. Et je n’emmènerai pas ma femme dans un saloon ! Vas-y avec Clark, plutôt. Il sera ravi !
L’acteur laissa là sa maîtresse furieuse et interdite tout à la fois et rejoignit sa famille qui attendait à l’autre bout du couloir, chaudement vêtue, prête pour la promenade.

Ainsi que Tyrone l’avait prévu, les enfants étaient enchantés de se promener dans Thunder Mesa. Ils passèrent devant les commerces, laissant le saloon derrière eux, puis continuèrent en direction de l’adorable petite gare tout en bois. Ils passèrent devant le Fuente del Oro sans s’arrêter auparavant sur les lieux du tournage. Le travail n’était pas fini, Tyrone ne voulait pas les déranger. Rosetta voulut entrer chez « Tobias Norton & sons », le general store de Thunder Mesa. Elle s’amusait à regarder les vêtements de pionnier avec Helen.
- Regarde, Rosetta…
Tyrone lui montrait une petite poupée indienne.
- Regarde comme elle est jolie ! Je vais l’acheter.
- Mais, nous n’avons pas de petite fille…
- Pas encore, précisa-t-il avec un petit sourire entendu.
La poupée fut achetée.

En sortant du magasin, l’acteur vit que le tournage s’achevait. Il emmena donc Rosetta avec lui pour que ses amis la saluent. Il leur confirma qu’il n’irait pas au Lucky Nuggett. Il passerait la soirée avec sa famille. La nouvelle, au fond, réjouissait Clark…
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MessageSujet: Re: "Bloody Rose"   "Bloody Rose" - Page 2 EmptySam 24 Sep 2005 - 1:24

Chapitre IX


Ce fut en retournant à l’hôtel que Rosetta découvrit Ravenswood Manor. Pourtant imposant, dominant Thunder Mesa de son promontoire, la jeune femme ne l’avait étrangement pas vraiment remarqué à son arrivée. Sans doute trop excitée à l’idée de retrouver son mari, songeait-elle. Pourtant, comment ignorer une telle demeure ? Il n’y avait point de brume pour la masquer. Et c’était seulement maintenant qu’elle lui faisait face qu’elle la découvrait comme une évidence. Elle voyait de loin les grilles de fer forgé, un bout des jardins sur la partie la moins surélevée de la pente. Une gloriette. Elle devinait un pavillon plus loin. Comme hypnotisée, elle crut un instant entendre un chant léger, étouffé, porté par le vent. Elle se sentait portée, comme attirée. Elle voulait pousser les grilles de fer forgée, elle voulait entrer dans ces jardins. Elle voulait…

La voix de Thomas la tira d’une demi somnolence dans laquelle elle avait semblé tomber sous quelque emprise invisible parce qu’elle s’était arrêter pour contempler le manoir. Bien qu’éloignée encore des grilles, quelque chose l’attirait et la fascinait. Lorsqu’elle se retourna vers son mari, ses enfants et Helen, elle vit qu’elle était la seule à s’être tant approchée. C’était comme si le manoir était apparu pour elle. Elle se tourna à nouveau et fut presque soulagée de voir qu’il était encore là.
- M’man ! P’pa est habillé bizarrement !
La voix de Thomas. Effectivement, Tyrone portait toujours la fameuse redingote du fantôme.
- C’est pour le travail de Papa, expliqua-t-elle.
Puis, s’adressant directement à son époux :
- Heureusement que tu as enlevé ce masque affreux, le chapeau et la cape ! Tu aurais terrorisé les enfants !
- Tu as raison ! Déjà, tu t’es évanouie, je suis coupable. Je me demande d’ailleurs pourquoi ne me suis-je pas changé pour me promener ? Tout à l’heure, j’étais pressé de vous rejoindre, mais là ? Imagine que la presse nous ait pris en photos, j’aurais eu l’air bien dans ce costume au milieu de vous !
La jeune femme se mit à rire. Mais une chose n’allait pas.
- Tyrone… Où est la presse ? Je n’ai vu aucun journaliste depuis que je suis ici. Oh, depuis très peu de temps, bien sûr, mais ne devrait-il pas y en avoir comme tout à l’heure lorsque nous avons salué tes amis ?
- Oui, tu as raison ! Pourtant tout le monde sait que nous sommes ici, on en a parlé dans Life, mais personne ! On ne va pas s’en plaindre, n’est-ce pas, ma chérie ?
L’acteur éclata de rire et déposa un baiser sur la joue de sa femme. Ils cessèrent de penser à cela et s’engouffrèrent dans l’hôtel. Mais avant de se remettre en route, Helen se retourna pour regarder le manoir. Un long frisson lui parcourut l’échine. Sans en connaître la raison. Mr Power n’avait pas paru s‘étonner en voyant sa femme avancer pour s’arrêter enfin quelques pas devant eux, les yeux posés sur la demeure. Mais Helen avait ressenti quelque chose et cela lui déplaisait…

Deux heures plus tard, les Powers se rendaient dans la salle de restaurant du Silverspur Steakhouse. Tyrone, sa femme, mais également Helen, les enfants et Norbert. Alors qu’ils descendaient les escaliers, un premier coup de tonnerre se fit entendre, réveillant brutalement le petit Dallas. Rosetta se mit à le bercer, murmurant des paroles apaisantes et douces. Elle non plus n’aimait pas les orages. Elle tenait cette peur de la guerre. Elle n’avait pas connu de bombardements mais chaque coup de tonnerre lui faisait l’effet d’un avion de l’Air Force touché par l’ennemi et tombant en flamme. Elle eut tremblé à chaque minute, à chaque seconde si elle avait été la femme de Tyrone dans ces années-là. Ses talents de pilote, en effet, l’avait conduit à conduire de nombreuses missions sur le front du Pacifique. Un océan qui alors portait bien mal son nom, comme une ironie cinglante. Ce fut, cette fois, la voix de Rita qui la détourna de ses pensées.
- Tyrone ? Tu soupes ici, alors, tu n’as pas changé d’avis ?
- Non, pour rien au monde je ne sacrifierais une soirée avec ma famille, l’entendit-elle répondre.
Rita se mordit les lèvres. Il savait être blessant ! Était-ce la présence de Clark à ses côtés ? Oui, c’était sûrement cela ! Tyrone était jaloux ! Elle s’en convainc et en fut satisfaite, retrouvant aussitôt sa bonne humeur. Elle n’allait pas devenir verte de rage pour « la petite Rosetta ». Elle ne put cependant s’empêcher d’être un peu jalouse alors qu’elle portait son regard sur les mains de Mrs Power. Celle-ci berçait toujours son bébé. L’actrice vit qu’elle portait un très joli vernis à ongles, ce qui lui était interdit à elle pendant la durée du tournage ! Elle se contenta de constater que Rosetta ne portait pas d’autres bijoux que son alliance et une petite croix autour du cou. Tyrone préférait sans doute en offrir à sa maîtresse, à elle ! Il lui avait offert de très beaux colliers, des bracelets magnifiques. Là n’était pourtant pas la raison. Tout simplement, Rosetta aimait la simplicité, et son mari lui avait dit que Thunder Mesa était une ville de pionniers et qu’il n’y avait pas besoin d’y paraître comme lors d’un gala au Graumann’s Chinese Theatre. Devant le refus persistant de Tyrone, les deux acteurs quittèrent l’hôtel pour se rendre au Lucky Nuggett. Clark dans un costume assez sobre. Rita dans une extravagante robe fushia. Les Powers n’entendirent pas celle-ci dire à son compagnon : « Ty devient bien pantouflard ! Il reste avec Madame et les gamins, maintenant ! »

Loin de la salle bruyante et enfumée du saloon, Tyrone, Rosetta, Helen, Norbert et les enfants soupaient agréablement dans le cadre feutré du restaurant. Dallas avait cessé de pleurer. Il suçait à présent son pouce, à demi endormi. Il avait pris goulûment tout son biberon. Un repas avait été préparé aussi tout spécialement à l’intention de Tyrone IV puisqu’il n’avait pas encore dix-huit mois. Il se tenait très sage car l’orage qui continuait de gronder l’intimider. Les deux plus jeunes enfants avaient fini par s’habituer au bruit que cela faisait de temps à autre. Ce n’était pas leur premier orage, mais le premier coup leur faisait toujours peur avant que cela ne passe. Les quatre adultes parlaient du voyage, Tyrone posant beaucoup de questions sur la nuit qu’ils avaient du passer dans cette petite ville, lorsque l’automobile était tombée en panne. Norbert partit dans des explications très techniques que le garagiste lui avait fournies. L’acteur hochait la tête d’un air entendu, puis passait la main dans les cheveux de Thomas lorsque le petit garçon parla des bonbons, du café que l’on avait servi au petit déjeuner à sa maman ce qui les avait conduits à dans un autre endroit. L’on riait, Tyrone ne pensait plus à Rita, Helen au manoir. L’acteur avait enfin quitté l’habit du fantôme pour un costume de ville à fines rayures.
- L’orage, après la pluie qu’on a déjà eu hier ! C’est incroyable ! Il n’y a plus de saison ! dit-il nonchalamment.
Helen se tourna vivement comme il prononçait ces mots : elle avait cru ressentir sur l’instant comme un souffle glacé sur sa nuque. Elle poussa un léger cri en voyant derrière sa chaise un employé de l’hôtel. Tyrone, pourtant assis en face de la jeune fille, ne l’avait pas vu arriver non plus. Sans doute parce qu’il parlait en contemplant son épouse ?
- Thunder Mesa est la ville du tonnerre, dit l’homme avec lenteur.
Les Powers étaient jusque là seuls dans la salle de restaurant. Tout le monde était parti au saloon. Cet homme n’était pas celui qui leur avait apporté les plats. L’acteur vit qu’il portait son nom accroché à son gilet.

« Bill Leota »…
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MessageSujet: Re: "Bloody Rose"   "Bloody Rose" - Page 2 EmptyMar 27 Sep 2005 - 20:33

Chapitre X


Sans y avoir été invité, l’homme s’empara de l’une des chaises de la table voisine de celle occupée par les Powers et vint s’asseoir entre Tyrone et Helen. « Il vient sûrement de dehors », se dit cette dernière, « son souffle est glacé… Mais il devait être bien abrité car il n’est pas mouillé… » Le souffle froide, en effet, fut la première chose que l’on remarquait. C’était de cette manière, quelques secondes avant qu’il ne commence à parler, que la jeune fille avait senti sa présence. Rosetta ne disait rien, mais elle semblait méfiante, cela se voyait à la petite moue qu’elle faisait tout en regardant l’homme du coin de l’œil. Les enfants le regardaient aussi, mais trop intimidés par cette « apparition » soudaine pour demander « Qui, M’man ? » Quant à Tyrone, ce fut le nom qui lui causa une drôle d’impression : « Bill Leota… Bill ! Un rapport avec cet homme qui est venu me chercher hier et que le barman prétend ne pas connaître ? C’est étrange, je ne me souviens pas de son visage. Je l’ai surtout vu de dos, je l’ai entendu. Je ne me rappelle plus de sa voix… » Afin d’en être certain, l’acteur lui posa la question.
- Je vois que vous vous appelez Bill Leota. Alors, vous êtes un employé de l’hôtel ?
L’homme sourit d’abord de toutes ses dents, puis donna une réponse évasive.
- On peut dire ça…
Il occulta d’avance la prochaine question de Tyrone, qui aurait voulu en savoir plus, en prenant la parole d’un ton monocorde.
- J’ai dit que Thunder Mesa est la ville du tonnerre. Vous savez pourquoi ? Je vais vous raconter quelque chose d’intéressant !

A ces mots, tandis que Dallas s’endormait, les deux aînés prirent leur visage en coupe avec leurs mains, coudes posés sur la table, pour écouter l’histoire. Fascinés avant même de savoir de quoi allait-il être question. Helen et Rosetta s’en aperçurent mais, sans pour autant faire de même, elles de cherchèrent pas, cette fois, à les leur faire ôter. Elles auraient presque pu s’en amuser, tant il était adorable de voir le petit Tyrone IV, un an et demi, se tenir comme son grand frère.
- La ville du tonnerre, la mine du tonnerre de la montagne du tonnerre ! répéta soudain Bill.
Dehors, l’orage grondait toujours. Si l’établissement n’était pas pourvu d’électricité comme il l’était depuis bien longtemps, on eut dit un lieu hanté. S’il n’avait pas été si beau, si feutré et élégant, on eut dit une réunion autour d’un feu de camp pour y conter des histoires de fantômes. Mais ce n’était pas de cela qu’il s’agissait…
- C’est une légende indienne, reprit Bill. Au siècle dernier, lorsque les pionniers ont fondé la ville, ils ont donné le nom de « tonnerre » à tout. Il y avait encore des tribus indiennes par ici – oh, pas pour longtemps, le Général Custer est venu dans la région, lui aussi – les pionniers connaissaient la légende. Mais tout ce qu’ils en ont retenu, semble-t-il, est ce nom qu’ils ont trouvé bien pour leur nouvelle ville. Pourtant, on disait que si les entrailles de la montagne, la mine d’or, étaient exploitées, une créature - que l’on qualifie de fantastique lorsque l’on refuse d’y croire - l’Oiseau Tonnerre, se réveillerait et ferait tomber la foudre sur ces insensés. Et quelque chose est arrivée ! Un éboulement, un tremblement de terre ! La mine s’est effondrée ! Mais elle n’a enseveli que deux personnes : Henry et Martha Ravenswood, qui étaient alors les propriétaires du manoir. On prétend ignorer ce qu’ils faisaient tous deux dans la mine. Elle était exploitée depuis longtemps, déjà… Mais en vérité… Ils y ont été attirés par un être venu de l’Au-Delà pour les punir. Leur manoir… Ravenswood l’a fait bâtir sur un cimetière indien !!!!!!

Le visage de Bill Leota était demeuré livide de tout son récit et ne s’anima pas de la moindre couleur bien qu’il eut conclu presque en criant. Rosetta avait d’ailleurs sursauté. Elle craignait que cet « hurluberlu » effraye les enfants. Mais il n’avait pas fini…
- N’entrez jamais dans le manoir… Des fantômes l’habitent… Ils pourraient effrayer les plus jeunes !
Sur ces mots, Bill se leva et quitta rapidement la salle de restaurant par l’arrière avant même qu’on puisse le rattraper. Norbert avait fait un geste dans cette intention, voulant en savoir plus. Le patron était fasciné lui aussi.
- Un être venu de l’Au-Delà… des fantômes… peste ! En voilà un qui se sera procuré un exemplaire du script de « Bloody Rose » !
Il parut presque tiré d’un état hypnotique lorsque la voix de Rosetta parvint enfin jusqu’à lui.
- Ty… Cet homme a fait peur aux petits !
- Mmm ?
Mais Dallas dormait toujours, nullement importuné par le cri que Bill avait poussé en évoquant le cimetière indien foulé par les fondations du manoir. Tyrone IV et Thomas finissaient leur dessert.
- Les enfants aiment les histoires de fantômes. Mais les petites filles en ont peur lorsqu’elles deviennent grandes, ajouta l’acteur avec une pointe de malice.
Rosetta rougit à cette remarque. Le souper s’acheva paisiblement, jusqu’à l’instant où Tyrone décréta « Allons nous coucher. »

Après avoir embrassé les aînés pour la énième fois, Rosetta sortit de la chambre qu’ils partageaient avec Helen, non sans leur envoyer un dernier baiser de la main. Tyrone l’attendait en lisant un journal vieux de deux jours. Il faisait froid et, bien qu’il fût déjà confortablement installé sous les couvertures, l’acteur portait une robe de chambre sur son pyjama rayé. « Ça ne s’arrange pas en Corée sur le 38ème parallèle ! Ça sent la guerre ! » commentait-il comme elle entrait. Pendant qu’il poursuivait sa lecture, la jeune femme alla se pencher sur le petit lit de son bébé, qu’elle tenait à avoir avec eux pour être là immédiatement lorsqu’il pleurait la nuit. Elle se mit ensuite en chemise de nuit et prit place devant la coiffeuse. Tandis que son mari continuait de commenter quelques événements marquants, elle brossait sa chevelure brune, mettait ses papillotes et un filet par-dessus le tout. Enfin, elle se glissa dans le lit. Tyrone fit mine de ne pas s’en apercevoir, poursuivant sa lecture quelques minutes encore dans un bruissement de feuilles à chaque fois qu’il tournait
une page, dans une odeur d’encre d’imprimerie qui incommodait un peu sa femme mais qui n’osait pas le lui dire – après tout, c’était même moins gênant que le tabac - avant de plier son journal et de le laisser tomber au sol. Il la contempla d’abord en silence, se bornant à sourire, puis fit un geste pour l’inviter à se blottir dans ses bras.
- Viens là…

Quelques minutes s’écoulèrent ainsi. Rosetta, nichée contre son mari, écoutait le tonnerre gronder. Lui-même ne bougeait pas, leur cœur à l’unisson.
- J’aimerais que tu me raconte l’histoire de « Bloody Rose », s’il te plait… demanda soudain la jeune femme d’un air absent mais néanmoins, au fond, attentif à tout ce que son mari dirait.
- Eh bien… Je vais alors te raconter l’histoire d’une jeune fille du nom de Mélanie Ravenswood…
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MessageSujet: Re: "Bloody Rose"   "Bloody Rose" - Page 2 EmptyMer 28 Sep 2005 - 14:15

je sais plus quoi tellement cest superbe fais moi confiance et envoie ton sript a une maison dedition ou a disney tu verras bien la reponse quest que tu risque ............????
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MessageSujet: Re: "Bloody Rose"   "Bloody Rose" - Page 2 EmptyMer 28 Sep 2005 - 18:42

Ca ferait un beau film, hein ? Mr. Green

Ce que tu me dis me touche beaucoup. Embarassed Wink
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MessageSujet: Re: "Bloody Rose"   "Bloody Rose" - Page 2 EmptyMer 28 Sep 2005 - 22:02

Attention, chapitre "sensible"... J'espère que la storyline ne vous choquera pas... Embarassed


Chapitre XI


Tyrone ferma les yeux quelques secondes, cherchant la manière de commencer son récit. Il en vint à la conclusion que le « montrer » ne serait pas plus mal. Il avait pourtant d’indéniables talents de conteur. Tous ceux qui le connaissaient s’accordaient pour dire qu’il avait le sens des mots, le don de la parole. Lorsqu’il se mettait à évoquer des lieux où il était allé, il entraînait chacun avec lui en voyage et l’on voyait en images ce qu’il décrivait. Mais, pour « Bloody Rose », il désirait tourner des pages de papier sous les yeux de Rosetta, raconter comme s’il s’agissait d’une histoire avant de s’endormir. Une romance d’abord, un crime ensuite… Un conte horrifique en définitive.
- Apporte-moi le script, Rosie Chérie, il est sur la table, demanda-t-il.
La jeune femme ne se fit pas prier. Elle se leva immédiatement et alla le lui chercher. Elle reprit ensuite sa place. Le script posé sur ses jambes, Tyrone murmurant à son oreille, un bras passé autour de ses épaules et l’autre tournant les pages, l’histoire pouvait commencer.

Le script en lui-même, dans sa forme, ne présentait aucune originalité. Il ne s’agissait pas, bien évidemment, de l’original, cet étonnant manuscrit véritablement tombé entre les mains de Henry King, qui le conservait dans un lieu connu de lui seul. Le cinéaste s’était d’ailleurs bien gardé d’évoquer ce mystère, prétendant à un scénariste amateur de sa famille, un cousin lointain bien trop timide pour se montrer, tout cela afin de ménager ce que l’on comptait de superstitieux parmi les gens des arts. Dans la profession, cependant, on disant tout bas que le véritable auteur n’était autre que Henry King lui-même et qu’il ne voulait pas que cela se sache. Le script que Rosetta avait sous les yeux était tapé à la machine. C’était un exemplaire parmi d’autres et l’un de ceux destinés à l’ensemble de la distribution. Tyrone avait souligné au crayon rouge ce qui concernait son rôle, fait des accolades, des annotations en marge, encadré les didascalies le concernant. Son habitude était d’apprendre son texte le soir en s’arrêtant à 11 pm.
- Tu connais la distribution, le scénario, n’est-ce pas, Rosetta ?
- Oui, d’après ce dont tu m’as parlée avant de quitter Los Angeles. C’est l’histoire d’une mariée qui erre dans son manoir à la recherche de son fiancé, ignorant qu’il vient de mourir assassiné. C’est terrifiant !
- C’est bien cela. Et cette mariée se nomme Mélanie Ravenswood. C’est le rôle de Rita. Nous sommes bien d’accord pour dire que c’est inapproprié, qu’une autre actrice aurait bien mieux convenu au rôle, mais Henry l’a voulu elle. Heureusement, elle est très talentueuse, elle nous fera croire à son personnage, et nous surprendra ! … Enfin, donc, Mélanie Ravenswood…
Tyrone se rendit compte que sa femme n’attendait pas qu’il parle de sa maîtresse, qu’il fasse l’éloge de l’actrice, mais qu’il lui raconte l’histoire de « Bloody Rose ».

Les pages du script défilaient entre ses doigts au fur et à mesure que, mêlées à son pouvoir sur les mots, à sa voix envoûtante, l’acteur faisait découvrir à son épouse la vie et l’errance de la malheureuse mariée.
- Le film va commencer par un plan panoramique sur la ville de Thunder Mesa. Ce sera en technicolor, puis en noir et blanc à l’intérieur du manoir.
- Et les jardins ? questionna Rosetta avec perspicacité.
- Les jardins en technicolor. Ils sont dehors. Bon, je t’accorde qu’ils font partie du manoir, et j’imagine qu’y pénétrer sans y avoir été convié, du temps des Ravenswoods, aurait valu à l’imprudent un coup de fusil ou quelque chose comme ça…
- Comme si quelqu’un entrait dans notre parc, à Saltair, mais tu ne lui tirerais peut-être pas dessus…
Les deux époux se mirent à rire.

L’orage grondait toujours. Reprenant son sérieux, Tyrone poursuivait l’histoire.
- Maintenant, Rosetta, imagine-toi à la fin du siècle dernier. Je sais que tu n’as aucun mal à le faire tant tu aimerais y vivre. Tu es une jeune fille, l’unique héritière du manoir. Les Ravenswoods n’ont pas eu de fils. Ils savent que par son mariage Mélanie prendra le nom de son époux et quittera la demeure. Pour que leur sang se perpétue à travers elle, son père a décidé que le manoir serait sa dot. En se mariant, elle le place dans la famille de son mari, mais le sang des Ravenswood perdurera dans le manoir par les enfants qu’elle aura. Mais… encore faut-il que cette descendance ait pour l’autre moitié un sang digne de leur grandeur ! Ils n’ont aucun doute là-dessus. Le manoir pour dot, le nom des Ravenswood… Les plus beaux partis de l’État vont se présenter ! Mais… Elle s’est éprise de l’un des cow boys du Critter Corral ! Clark, dans le film, un moustachu rude, bourru et sans distinction mais qui fait battre ton cœur ! Pourtant, Henry consent au mariage. Il a consulté sa voyante, une femme étrange qui lui avait indiqué le terrain où faire édifier son manoir. Elle le persuade de laisser faire, que cela ne peut qu’être bon pour l’avenir de la famille. Henry se laisse convaincre, après tout ce cow boy fera peut-être fortune plus tard. Les préparatifs du mariage commencent donc. Mélanie est la plus heureuse au monde ! Mais tout cela va sombrer dans la tragédie ! Henry n’a jamais reconnu la voyante sous son accoutrement comme celle qu’il a repoussé jadis et qui aurait du être la maîtresse de Ravenswood manor. Elle entend bien se venger. Elle utilise pour cela un homme qui lui est dévouée, organiste de talent et embauché pour la noce. La veille du mariage, ils attirent dans la mine Henry et Martha, cette femme qu’elle hait pour avoir pris la place qui aurait du être la sienne, alors qu’un éboulement se prépare. Rien de bien sorciers, de simples bâtons de dynamite disposés au bon endroit, mais que Thunder Mesa prendra pour la vengeance de l’Oiseau Tonnerre. Tu te souviens de l’histoire que cet homme nous a racontée tout à l’heure, pendant le souper ? Eh bien c’est exactement cela ! Le manoir sur le cimetière indien, la malédiction, et cætera ! Mais bien étrange malédiction qui utilise la dynamite ! On s’en est servi. Oui, mais… Il y avait bien une malédiction ! Après l’effondrement de la mine, Henry reparaît changé en fantôme. Là, ça devient mon rôle ! Il y a une scène que nous avons tourné l’autre jour, quand tu es arrivée et que tu m’as vu dans mon beau costume, où je suis les Ravenswoods dans la mine. Eh bien cela symbolise la transformation future de celui qui avait profané un cimetière indien. Le fantôme de Henry, manipulé par la voyante qui possède le don de parler aux revenants, tue le fiancé de sa fille en le pendant dans un salon hexagonal. Voilà pourquoi la voyante s’était arrangée pour que le mariage soit organisé ! Pour se venger de tous les Ravenswoods ! Sans exception, qu’importe que Mélanie soit une innocente jeune fille qui n’a d’autre tort que d’être la fille de Henry et de Martha. La mariée que la voyante aurait pu être. Le matin du mariage, Mélanie commence à chercher son fiancé, et elle l’attendra toute sa vie, tourmentée par le fantôme de son père mais aussi ceux des invités du mariage, condamnés à ne jamais quitter le manoir. Le film s’achève avec sa mort, et l’on ne retrouve d’elle qu’une poupée vêtue d’une robe de mariée, à l’effigie de la voyante, qui appelle toute personne de passage à entrer et demeurer dans le manoir pour tenir compagnie à ses fantômes.

Rosetta essuya une larme qui perlait au coin de son œil.
- C’est si triste… Si…
- C’est un film, la rassura Tyrone en déposa un baiser sur ses cheveux.
- Oui, mais… Je ne peux m’empêcher de songer à cette pauvre mariée ! Quel scénario !
Un fracas assourdissant se fit alors entendre, arrachant à Rosetta un cri de frayeur.
- C’est une explosion ! s’écria Tyrone.
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MessageSujet: Re: "Bloody Rose"   "Bloody Rose" - Page 2 EmptyMer 5 Oct 2005 - 20:41

Chapitre XII


Le premier réflexe de Rosetta fut pour Dallas qui hurlait dans son berceau. Elle le prit dans ses bras, tentant de contrôler les tremblements de ses bras, de se calmer elle-même pour le rassurer, le bercer. Le bruit de l’explosion l’avait arrachée à ses pensées, alors qu’elle tentait de reconstituer l’histoire de Mélanie Ravenswood dans sa tête quelque peu embrouillée par le flot d’informations que son mari lui avait donnée en quelques temps, et le script comportait suffisamment d’éléments pour que les détails échappent à l’attention. Mais pas la mort de la mariée, qui obsédait Rosetta au moment de l’impact.
- Qu’est-ce que c’est, qu’est-ce que c’est, qu’est-ce que c’est ?
Tyrone restait maître de lui-même, bien qu’ayant peur intérieurement, peur qu’il soit arrivé malheur à quiconque se trouvant à Thunder Mesa. Il la serra contre lui pour la réconforter tandis que Dallas criait toujours. Des bruits de pas affolés se firent entendre partout dans l’hôtel, on criait « Au feu ! » sans savoir ce qu’il en était.
- Le feu, Tyrone ! Il faut partir !
- C’est une explosion. Elle était loin, à en juger par ce que nous avons entendu. L’incendie ne peut être ici !
On tambourinait dans la porte de la chambre. A travers les élégantes boiseries, la voix de Helen, paniquée, se faisait à peine entendre au milieu des pleurs des petits. Le Lieutenant Power alla ouvrir. Tous descendirent jusqu’à la réception. Ils étaient seuls avec le personnel, les autres clients étant parti s’amuser au saloon.

Tyrone confia les enfants, que leur mère consolait, Rosetta et Helen à Norbert dont le sommeil lourd l’avait empêché d’entendre si bien qu’ils avaient du aller le chercher.
- Je vais voir ce qu’il en est !
Sur ces mots, l’acteur se précipita au dehors, en trench coat sur sa robe de chambre, imité par le personnel de l’hôtel. Le temps parut bien long en son absence, ne sachant ce qui se passait. L’orage avait cessé et des pluies diluviennes s’abattaient maintenant sur Thunder Mesa. Enfin, au bout d’un moment qui parut une éternité, Tyrone revint en compagnie d’une foule de personnes trempées. L’équipe de tournage au grand complet. Il fallut vite leur donner des couvertures, aussi réquisitionna-t-on celles que l’on avait à la lingerie. Les cheminées de la salle de restaurant du Silverspur Steakhouse furent bienvenues et envahies. Ce lieu feutré où les Powers avaient soupé quelques heures plus tôt prenait maintenant des allures de quartier général en état de guerre.

La foudre était tombée sur le Cowboy Cookout Barbecue. Par bonheur, personne ne s’y trouvait. Tous étaient au saloon, y compris le personnel. Lorsque les vedettes, le réalisateur et tout ce que l’on comptait d’équipes techniques en étaient sortis, chacun s’était dirigé vers son hôtel et ce fut à ce moment-là que la foudre tomba, provoquant un gigantesque incendie. Immédiatement, on s’était précipité sur les lieux. Que faire sinon constater les dégâts ? Par chance, l’incendie fut maîtrisé par la nature même qui l’avait créée. Les pluies diluviennes finirent par avoir raison de lui au moment où la poignée de pompiers de Thunder Mesa arrivait sur les lieux. La façade du Cowboy Cookout Barbecue n’en était pas moins calcinée. Le toit détruit. On ne savait pas encore où loger tout ces gens, aussi pour le moment attendait-on que les pluies se calment pour aviser. Tyrone proposa que, une fois les chambres libres du Silverspur occupées, chacun prenne une personne du Cowboy dans la sienne. Cette idée ne fut pas du goût de Rita.
- Je ne veux pas qu’on prenne ma chambre et je ne veux pas héberger quelqu’un ! trépigna-t-elle.
Sa coiffure était défaite et pendait lamentablement, sa robe fushia trempée, perdue. Elle n’avait plus l’air triomphant de son départ.
- Il faut bien qu’ils puissent dormir !
- Mais pas dans ma chambre ! Arrête de jouer les bons Samaritains, prend-les avec toi si tu veux, mais laisse-moi tranquille !
Tyrone ne se le fit pas dire deux fois à propos de ce dernier souhait de sa maîtresse et, pendant que Rita se moquait des papillotes et du filet de Rosetta, le Lieutenant Power prit la direction des opérations. Les protestations de l’actrice ne firent rien, l’idée fut adoptée. Immédiatement, avec la bonne coopération de chacun qui ne s’appelait pas Hayworth, les chambres furent remplies et celles déjà occupées réparties.

Il y avait encore, quelques instants plus tard, des allers et venues dans les couloirs du premier étage mais ils n’étaient dus qu’à une seule personne : Rita. Furieuse, l’actrice avait du accepter dans sa chambre l’une des maquilleuse du film et cela la contrariait.
- Je ne la veux pas dans mes affaires ! répétait-elle.
Mais Tyrone s’était montré inflexible. Voyant cela, Clark s’approcha de son amie et lui parla d’une idée qu’il avait eu pour qu’elle puisse envoyer la maquilleuse ailleurs : il en avait une lui aussi, pourquoi ne pas les mettre toutes deux dans la même chambre ?
- Ainsi, je pourrai t’accueillir, Rita, ce serait mieux, n’est-ce pas ?
Une gifle sonore fut la réponse de l’actrice. Clark retourna donc se coucher plus malheureux que jamais, guère content de retrouver sa compagne d’une nuit. Tyrone avait pris soin de ne pas faire de chambre mixte mais la jeune femme avait fait un échange pour être avec Clark. L’aubaine était trop tentante. Cependant, si en temps normal, il aurait été enchanté de cela, cette fois cela n’arrangeait pas ses affaires.

Tyrone, lui, n’avait pris personne car il avait déjà Rosetta. La jeune femme dormait paisiblement dans ses bras. Il n’osait faire le moindre mouvement, de peur de la réveiller. Il n’avait pas sommeil. Son regard allait de son épouse à leur bébé, et les minutes s’égrenèrent ainsi. Thomas et Tyrone IV devaient certainement dormir aussi. Tous, sauf lui, peut-être… Il considéra le journal au sol ; il l’avait déjà lu plusieurs fois. Son texte ? Il le connaissait et n’avait guère envie de s’y replonger. Il avait le Reader’s Digest, mais il était dans ses bagages. Non, mieux valait dormir, essayer. Souriant avec tendresse, il se mit à caresser doucement du regard le doux visage de Rosetta. Quelques minutes passèrent encore… Il s’impatientait de ne point trouver le sommeil. Son sang irlandais le rendait peu patient. C’était la raison pour laquelle il ne supportait pas les retards, de quelque nature qu’ils soient. Relâchant son étreinte, se levant avec précaution afin de ne point réveiller sa femme, il quitta la pièce toujours enveloppé dans sa robe de chambre. Fumer le calmerait. Il s’installa dans l’escalier. Tandis qu’il allumait une cigarette, il vit Rita passer en bas et se diriger vers la porte en pestant. Elle portait un trench coat et un chapeau de pluie jaune. Furieuse, elle se plaignait à voix haute de l’indifférence de Tyrone.
- … Et puis d’abord je hais ma chambre ! Il y en aura de plus dignes de moi à côté ! Après tout, je suis encore une Princesse ! ajouta celle qui avait été plusieurs années l’épouse de l’Aga Khan et dont le divorce n’était pas encore clos.

Tyrone venait de comprendre… Rita avait l’intention de dormir dans… Ravenswood Manor !
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1000ème fantôme ?
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MessageSujet: Re: "Bloody Rose"   "Bloody Rose" - Page 2 EmptyMar 18 Oct 2005 - 17:37

Chapitre XIII


Il pleuvait toujours mais moins abondamment toutefois. Rita n’hésita pas un seul instant à traverser ce rideau de pluie pour rejoindre Ravenswood Manor. Bien que superstitieuse, ou du moins le prétendait-elle, la légende ne la retenait pas. Ni de savoir le manoir vétuste. Tyrone, lui, y songeait.

« Ce ne sont pas des fantômes qu’elle va voir, mais des plafonds et des planchers vermoulus et pourris ! Pourquoi diable nous en interdirait-on l’accès pour le tournage s’il n’y avait pas un réel danger ? Pour ceux qui croient aux fantômes, on sait qu’ils sont supposés sortir la nuit et nous tournons le jour ! C’est bien qu’il y a des termites géants qui rongent les murs, les portes et si tout doit s’écrouler sous ses pieds ça va coûter cher à la Fox ! Non mais, vous rendez-vous compte ? Il faudra dédommager la Columbia ! C’est bien le drame quand on loue des acteurs aux autres Studios ! Qui plus est… »

Sous le porche du Silverspur Steakhouse, regardant Rita pousser sans aucune difficulté les grilles qui marquaient l’entrée des jardins du manoir – preuve qu’elles étaient plus qu’usées ! – Tyrone se tut en instant avant de reprendre son monologue. Le ton variait d’une seconde à l’autre.

« … Qui plus est… Rita est mon amie, surtout mon amie… Je ne supporterais pas qu’à cause de sa bêtise, de sa jalousie à l’égard de Rosetta il lui arrive quelque chose. Idiote, croit-elle que je peux m’afficher avec elle quand Rosetta et les enfants sont là ? Ah non, alors, je te jure ! »

Entre inquiétude et exaspération, Tyrone écrasa la cigarette qu’il venait d’allumer et se dirigea à grand pas vers le manoir.

L’actrice était à présent hors de portée de sa vue. Elle avait pénétré dans les jardins endormis. Nul ne pouvait désormais la voir, pas même Helen, songeuse sur le balcon de bois circulaire de l’hôtel. La jeune fille avait remarqué, en tirant les rideaux et fermant les volets, que l’on voyait fort bien le manoir de la fenêtre de sa chambre. Elle avait passé sa tête sous l’encadrure à guillotine et L’avait vu. Lui. Ravenswood Manor. Il exerçait une sorte de fascination sur elle depuis la promenade avec Monsieur et Madame Power. Passant une robe de chambre sur sa chemise de nuit, alors que les enfants étaient profondément endormis, elle s’était alors rendue sur ce balcon. Accoudée à la balustrade, protégée de la pluie désormais fine par le léger rebord du toit, elle contemplait le manoir maudit. Elle avait vu une ombre aller jusqu’à lui avec l’indifférence de celle qui ne croyait pas aux fantômes tout en ressentait une très forte attraction pour un lieu qui semblait en contenir, bien qu’il soit seulement en ruine, disait-on.

En revanche, Tyrone attira son attention lorsqu’il passa. Encore une fois, la lune révélait à chacun ce qu’il désirait voir, et Monsieur Power était de ceux-là. Helen l’aimait en secret depuis ce jour où elle était arrivée chez lui pour cette place de nounou, en réalité une place d’amie pour Rosetta. Éprise de lui en secret, la jeune fille était souvent tourmenté et obnubilé par lui. Cela arrivait la nuit, non quand elle le voyait car dans ces moments-là elle voyait le patron, l’ami aussi. Mais la nuit… Cela durait depuis bientôt trois ans. Elle espérait un jour qu’il la remarque enfin comme elle le désirait, comme il remarquait d’ordinaire les autres femmes, celles qui lui plaisaient. Cela lui donnait parfois de terribles doutes, peut-être ne lui plaisait-elle pas du tout ? Tyrone avait Rosetta, l’ancienne petite marchande de fleurs, mais au contraire de Glenn Ford il aimait passionnément les actrices. Helen se définissait comme « une Rosetta avant Lui », mais la place de « Rosetta avant Lui » était prise et cela la mettait au désespoir. Elle se disait qu’il fallait peut-être forcer le destin pour qu’il la remarque d’une manière autre, mais depuis trois ans elle n’avait jamais rien tenté. Elle n’osait pas pour de multiples raisons. Ce n’était point sa nature, elle était timide, réservée et elle-même s’emportait lorsqu’elle voyait la manière dont se comportaient les amies de Tyrone. Elle craignait également de perdre son emploi qu’elle désirait conserver plus que tout même s’il arrivait que côtoyer l’acteur pût être comme mourir chaque jour. Elle affectionnait très sincèrement Rosetta qu’elle ne voudrait faire souffrir pour rien au monde. Il y avait déjà assez de Rita et d’autres femmes pour la rendre malheureuse. De la part de Helen, ce serait comme une trahison. Elles étaient amies, logeaient sous le même toit. Mrs Power avait confiance en elle, elle lui confiait ses enfants lorsque sa présence était requise auprès de son mari lors de ces interminables galas. Alors Helen se résignait… Elle se résignait depuis trois ans…

Avant même de parvenir aux grilles du manoir, Tyrone s’arrêta dans sa course. Il avait hâté le pas, voyant qu’il perdait de vue Rita. Il était maintenant immobile, face à ce lieu étrange. Une plaque de cuivre était apposée là. Elle avait la forme d’un démon et portait l’inscrïption latine « Non omnis moriar ». Cela eut arrêté n’importe qui, par curiosité, désapprobation devant quelque chose d’aussi mauvais goût pour marquer l’entrée d’une habitation, ou bien par peur, paralysie peut-être, mais ce n’était pas le cas de Tyrone. Dans la nuit, il avait seulement distingué une plaque de forme ovale sans en voir les cornes, le sourire grimaçant. Sans pouvoir deviner ou lire la devise. Il ne pleuvait plus. Cela avait été si violent, avant de s’arrêter brusquement comme pour permettre à quelque mortel imprudent de s’enfoncer dans la nuit noire et aller jusqu’au manoir, qu’on eut dit qu’une main invisible, un deus ex machina, venait de refermer le robinet du ciel. Face au manoir, il était difficile d’en attribuer le mérite à Dieu. Cela semblait le territoire du diable. Pourtant, Tyrone ne ressentait pas tout cela ; il était encore convaincu que le manoir était seulement pourri par des décennies d’abandon. Il eut fallu, ainsi que cela devait être dans le film qu’il tournait, en cet instant un coup de tonnerre pour révéler à ses yeux la plaque, l’inscrïption. Il n’aurait alors plus manqué qu’une intervention orchestrale en son western electric. Pourtant, nulle besoin d’effets spéciaux, l’atmosphère était étrange en elle-même. La nuit était noire à l’entrée du manoir, elle était baignée par la lune rousse devant le Silverspur Steakhouse. Helen distinguait Tyrone en contrebas. Le balcon circulaire faisait le tour de tout le premier étage et dans son extrémité se rapprochait de beaucoup du manoir. Pourtant, la lune se cachait de l’acteur. Un nuage, sans doute. Il ne pouvait voir que les grilles, la forme de la plaque, le début des jardins. Mais, en se retournant, il vit Helen sur son balcon, Helen qui l’observait.

L’acteur fit un signe de la main, s’avança jusqu’au balcon. Portant un doigt à sa bouche, pour lui ordonner le silence, il dit à la jeune fille : « Je vais chercher Rita ; le manoir est dangereux mais cette idiote y est partie. Ne réveillez pas Rosetta ! » Le son ayant la faculté de monter, la nuit étant silencieuce, Helen entendit. Les paroles de Tyrone la mirent en colère au point de vouloir se quereller avec lui mais il avait déjà disparu. Il s’enfonçait à nouveau dans les ténèbres. Main posée sur la grille encore entrouverte après le passage de Rita, Tyrone la poussa sans hésitation et entra dans les jardins de Ravenswood Manor…

Du haut de son balcon, Helen, les larmes aux yeux, murmura : « Rita, idiote, oui. Mais vous… Oh, quel imbécile… »
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